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Publié le 22 décembre 2011 par Yves Beaupérin
L’Institut de Mimopédagogie, à l’école de Marcel Jousse, est une association régie par la loi du 1 juillet 1901 [1].
Il est l’héritier des différents instituts et laboratoires qui se sont succédé depuis 1932, avec des dénominations différentes, tout en gardant le même objectif.
Avec des anthropologues, des pédagogues et des psychiatres, Marcel Jousse fonde, en 1932, un Institut de Rythmo-pédagogie.
« Celui-ci a pour but d’élaborer, d’expérimenter et de perfectionner sans cesse une pédagogie vivante, fondée sur la psycho-physiologie du Geste, du Langage et du Rythme. Il établit une liaison indispensable entre le chercheur et le praticien, entre le Laboratoire et l’établissement scolaire. »
Cet Institut comprend un Laboratoire de Rythmo-pédagogie et une Section d’Expérimentation. C’est sous l’égide de ce Laboratoire de Rythmo-pédagogie que Marcel Jousse dispensera ses cours oraux de l’amphithéâtre Turgot de la Sorbonne, de l’école d’Anthropologie, de l’école des Hautes Etudes, du Laboratoire de Rythmo-pédagogie, jusqu’en 1952. Quant à la Section d’Expérimentation, dirigée par Gabrielle Desgrées du Loû, on y enseigne les récitations rythmo-pédagogiques d’évangile reconstitués d’après les lois du style oral. Après 1952, Marcel Jousse continue à enseigner sous l’égide du Laboratoire d’Anthropologie rythmo-pédagogique.
On peut donc dire que cet Institut comprenait deux branches d’activités : d’une part, un Laboratoire de Rythmo-pédagogie, dirigé par Marcel Jousse lui-même, et dispensant des cours théoriques sur l’anthropologie du geste ; d’autre part, une section d’expérimentation, dirigée par Gabrielle Desgrées du Loû, dans laquelle on pratiquait les récitations rythmo-pédagogiques comme outils de mise en oeuvre et de prise de conscience des lois anthropologiques de la connaissance, de la mémoire et de l’expression humaines, mises en évidence et synthétisées par Marcel Jousse.
Après la mort de Marcel Jousse, Gabrielle Baron, collaboratrice de celui-ci, crée, avec d’anciens élèves de Marcel Jousse, la Fondation Marcel Jousse qui deviendra, après sa mort, l’association Marcel Jousse. Au sein de cette Fondation, elle ressuscite le Laboratoire, à partir de 1973, sous le nom de Laboratoire d’Anthropologie mimismologique et rythmo-pédagogique. Ceci afin de répondre à la demande d’un certain nombre de personnes qui, ayant assisté aux projections des films présentant les récitations rythmo-pédagogiques d’évangile, reconstitués par Marcel Jousse d’après les lois du style oral, souhaitaient entrer dans l’apprenage de ces récitations.
Le règlement de ce Laboratoire en donnait la filiation et en fixait l’objectif :
"Héritier du Laboratoire de Rythmo-pédagogie et de la Section d’Expérimentation de Rythmo-pédagogie fondés par le professeur Marcel Jousse en 1932, le Laboratoire d’Anthropologie rythmo-pédagogique a repris ses activités à partir de 1973, sous la direction de Gabrielle Baron, collaboratrice de Marcel Jousse et dépositaire de son oeuvre.
"L’objectif recherché au Laboratoire est avant tout d’ordre scientifique et pédagogique. Il s’agit d’initier les élèves du Laboratoire aux lois fondamentales de l’anthropologie du geste telles qu’elles structurent, en particulier, les traditions de style oral.
"Cette initiation, à la fois pratique et théorique, doit permettre aux élèves du Laboratoire de retrouver en eux les vivants mécanismes anthropologiques de la connaissance, de la mémoire et de l’expression dont une éducation trop exclusivement livresque et dissociante a inhibé la spontanéité et le globalisme. C’est donc dans l’être vivant que se situe l’étude. Tout est donné, reçu et rejoué en une vivante synthèse conduisant à des prises de conscience successives. Au sortir du Laboratoire, les élèves seront ainsi plus aptes à utiliser d’une manière structurée et efficace les découvertes anthropologiques de Marcel Jousse dans les domaines les plus variés où s’exercent leurs activités : anthropologie, ethnologie, psychiatrie, psychologie, linguistique, pédagogie, éducation familiale, catéchèse, exégèse, liturgie, etc...
"Cette initiation à l’anthropologie du geste se réalise :
* par l’étude de la pensée de Marcel Jousse exposée dans les différents ouvrages publiés et les cours oraux mis à la disposition des élèves du Laboratoire ;
* par l’apprenage en miroir et en écho vivants des récitatifs de l’Evangile."
Avant sa mort, survenue en novembre 1986, elle confie ce Laboratoire à Yves Beaupérin en lui demandant de veiller à ce qu’il ne disparaisse pas après sa mort. Celui-ci le dirigera jusqu’en 1994, date à laquelle il propose à l’association Marcel Jousse de transformer ce Laboratoire en Institut de Pédagogie Rythmo-mimismo-logique, afin de donner plus de visibilité à la recherche dans le domaine de la pédagogie, sans la lier uniquement à l’apprenage de textes bibliques.
Pour répondre à cette exigence, cet Institut est scindé en deux laboratoires complémentaires : un Laboratoire de Rythmo-catéchisme, où s’effectue la recherche fondamentale relative à la transmission orale des évangiles et un Laboratoire de Rythmo-pédagogie, où s’effectue la recherche fondamentale relative à la pédagogie scolaire, artistique et de remédiation, avec la collaboration de Vittorio Possenti, disciple d’Orazio Costa et de sa Metodo mimico.
Cet Institut de Pédagogie Rythmo-mimismo-logique devient indépendant de l’association Marcel Jousse, en septembre 2001, et prend alors le nom d’Institut Européen de Mimopédagogie, puis, en 2012, le nom d’Institut de Mimopédagogie, à l’école de Marcel Jousse, toujours dirigé par Yves Beaupérin.
Ce passage du terme de rythmo-pédagogie à celui de mimopédagogie est justifié par deux textes de Marcel Jousse :
« Lorsque j’ai essayé de trouver un nom qui puisse synthétiser, qui puisse résumer le but de nos travaux et donner un titre à notre Institut, un mot s’était présenté à moi avant le mot rythmo-pédagogie, c’était le mot mimo-pédagogie.
[...]
Il était évident que c’était d’après [la] loi fondamentale [du mimisme] que nous aurions dû nommer l’Institut. Cependant j’ai préféré Institut de Rythmo-pédagogie parce que c’est plus facile d’accès. Il ne faut pas trop troubler les milieux sociaux qui sont obligés de vous recevoir. J’ai pris le mot pédagogie, mais avec cette intime conviction que, lorsque j’exposerai mes travaux, je donnerai toujours la place primordiale au MIMISME, car vous ne pouvez pas mimer sans rythmer. »
[2]
« ...La pensée vivante de l’enfant a son vivant outil de conquête, de conservation et d’expression du réel : le mimage ou langage par gestes corporels et manuels, mimiques et propositionnels.
C’est sur cette base intellectuelle et vivante du rejeu propositionnel mimique que devra être fondée toute la pédagogie anthropologique.
La pédagogie sera désormais une mimo-pédagogie. »
[3]