Institut de Mimopédagogie
A l’école de Marcel Jousse

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L’art du geste

Publié le 28 décembre 2011 par Yves Beaupérin

Paul et Marie-Thérèse Farcy, tous deux retraités, accompagnent les jeunes qui participent aux chantiers éducatifs menés sur le site de Sion, en leur proposant de se joindre à "L’Atelier du regard".

"Quand les jeunes arrivent à Sion, ils sont éblouis par la beauté du site. Ils viennent pour travailler, mais ils manquent parfois de confiance en eux. Notre rôle est de les aider à acquérir cette confiance, grâce à la mimopédagogie", introduit Marie-Thérèse Farcy. Les jeunes en question participent aux chantiers éducatifs mis en place depuis quatre ans par le conseil général de Meurthe-et-Moselle, dans le cadre de la rénovation du patrimoine du site de Sion. Rémunérés, les chantiers éducatifs accompagnent l’insertion des jeunes.

La "mimopédagogie" consiste à intégrer le geste et le rythme dans le processus de la connaissance, de la mémoire et de l’expression humaine. Elle est tirée des études de Marcel Jousse, relatées dans l’ouvrage "L’anthropologie du geste".

La main, l’outil

Concrètement, de quoi s’agit-il ? "Avec l’Atelier du regard, nous avons proposé aux jeunes de se lancer dans l’aventure, en marge de leur travail, par groupes de 5 ou 6", explique Paul Farcy. "On insiste beaucoup sur la relation entre la main, l’outil, le coeur et toute la gestuelle à acquérir pour que l’outil devienne efficace par rapport à la tâche à effectuer, poursuit-il. Pour scier, par exemple, on leur montre qu’avec pas grand-chose, deux échelles, une planche à bois et quatre cordes, on peut reproduire le chantier des scieurs, tel qu’il a toujours existé : avec peu de moyens, on peut atteindre la cible de l’exigence !" Avec ce dispositif, le sciage se fait beaucoup plus facilement et en plus, ils peuvent travailler en chantant. "La musicalité de l’outil est très efficace pour le guider et bien utiliser l’énergie à dépenser !"

Parallèlement à cet enseignement, les jeunes étaient invités à s’exprimer en écrivant ce qu’ils avaient ressenti. Parfois, c’est de la poésie : "Solitude apaisante, immensité, pas ordinaire, nature..." Parfois de la prose : "Et ma vie n’a rien à voir avec la belle colline de Sion. Et pour ça, je n’ai qu’un mot à dire : respect."

Nul doute, cette expérience de "mimopédagogie" alliée à la magie de Sion ne les a pas laissés de marbre. "Mais il n’y a rien de miraculeux dans cette technique. Il faut beaucoup d’années de travail pour réussir à exceller dans le maniement d’un outil...", conclut Marie-Thérèse Farcy.

© Revue des Chantiers Educatifs, 2005.